En parcourant les différents sujets actuels d'Escrime Info, j'émets une constatation qui malheureusement saute aux yeux.
Face à la débâcle des athlètes et des techniciens aux Jeux de Londres et devant la situation critique de l'escrime française par sa Fédération, il existe deux catégories de personnes :
- ceux qui ont compris la situation actuelle
- et ceux qui ne comprendront jamais.

Je vous laisse choisir votre camp comme le mien.

D'abord, je n'ai pas envie de m'étendre sur les incroyables sottises que j'ai pu lire sur ici ou sur les situations cocasses que j'ai pu voir à la télévision : la professionnalisation des athlètes de la bouche de Gauthier Grumier, l'ouverture au monde entier dans les belles paraboles de Brice Guyart ou le mutisme de Jean-François Lamour quand on lui annonce "comme quoi il y aurait un bruit de couloir sur la belle Madame Flessel à la tête de la Fédération"...

Donc, si je devais retenir une chose de ce bel été ce serait celle-là : "Enfin on peut tourner la page du haut niveau en excès, totalitaire, centralisé, hautain, fonctionnaire, incompréhensible et je redis encore une fois en excès (trop c'est trop, surtout pour le peu de personnes concernées) pour ne pas finir par un fameux incompétent."

De quoi faut-il parler alors? Facile de chasser les sorcières surout quand elles sont déjà sur le bûcher, et de demander la démission d'une tête (toujours la même d'ailleurs même si je ne défends pas particulièrement bilan et erreurs), mais que proposer?

Je ne vois vraiment pas beaucoup de propositions. A commencer par l'équipe de l'opposition. Très pauvre programme... C'est malheureux de le constater même si, il est vrai, plus ou moins normale. Puisque cette équipe fait elle-même partie du bateau qui a sombré sur la Tamise. Le haut niveau, le haut niveau, les copains, le haut niveau! Etcetera... Quel refrain. Ils mettent de temps en temps "pouvoir" et "club" pour faire bien, et ça passe!
Une chose est sûr. Il sera très difficile, voir impossible de changer certains aspects du fonctionnement de l'escrime française. Pour ainsi dire l'état fonctionnaire du haut niveau français, de l'INSEP et des pôles.
C'est le système français. Point barre.

Qu'on les laisse faire leur micmac ensemble. A force de tourner dans le même sens dans leur petit cercle très fermé (cf les nombreuses vidéos de préparation aux Jeux présentes sur le site de la Fédération), ils s'appauvrissent tous seuls.  
C'est naturel. Consanguin.
Même Brice Guyart le voit. Le seul problème est qu'il veut s'ouvrir au Mmmondeee. Comprenez l'étranger. Mais connaît-il nos belles provinces françaises? On y fait de belles choses. Peut-être devrait-il commencer par là.  
C'est en tout cas ce que font beaucoup d'athlètes étrangers (qui gagnent des médailles, en plus). Ahhh, la France... C'est trop évident! Et pourquoi pas, tout de suite, aller voir Maître Levavasseur en footing. C'est encore plus près. Avec ses trois survêtements d'équipes nationales différentes sur le dos, peut-être que ses athlètes expliqueront à Monsieur Guyart la richesse de l'escrime française.
Tenez, encore un exemple puisqu'on est avec Brice Guyart, fameux commentateur sportif. Il connaît très bien l'escrime. C'est sûr. Il doit surement se souvenir des fleurettistes lyonnais de sa génération. Des adversaires pas forcément mauvais.
Tiens?
Aller! Je lui souffle une idée, lui qui en a des bonnes (messieurs les dirigeants, tendez l'oreille) : deux champions du Monde cadets (cf 94 et 95) sur la ville de Lyon, pas mal... Idée : on ouvre un pôle à Lyon!
Mais non! Brice Guyart préfèrerait s'entraîner en Corée, et c'est normal. C'est plus exotique. Malheureusement, ce n'est pas lui qui apportera des médailles à la France dans 4 ans.
Bref, c'est pas Aldo Montano qui me dira qu'un entraîneur français, c’est dépassé. Ou Zhong Man.

Ainsi donc, qu'ils dépérissent entre eux. Machin remplace machin qui prendra la place de truc. Mais bidule ne veut pas démissionner, et l'autre deviendra entraineur de pôle car il a fait 10ans d'INSEP. Et ainsi de suite.
Cela ne m'empêche absolument pas de dormir.

Je ne comprends pas pourtant, pourquoi la Fédération, et Monsieur Pietruszka, s'obstine à aller dans leur sens. Ils ne peuvent rien changer. Pire. Quand quelque chose ne va pas, les entraîneurs se mettent en grève. Ces fonctionnaires. Et vous, entraîneur de club ou plutôt Maîtres d'armes, vous vous mettriez en grève quand votre président fait n'importe quoi? Et Dieu sait s'il y en a... des présidents comme ça...

Pourquoi continuer avec cette filière du haut niveau? Nécrosée. Et qui, en plus, croît que c'est GRACE A ELLE que la base existe! Non mais.. des fois.

Les propositions les voilà. Concrètement et comme ça vient :

D'abord en finir avec l'élitisme total.
Pour les compétitions :
    - simplifier les formules des compétitions nationales : la même chose pour tout le monde, ainsi le fameux et regretté "poule/tableau"
    - ouvrir à l'initiative locale des clubs (d'abord) et des  ligues (ensuite) pour les compétitions des catégories jeunes
    - un mode de sélection simplifié avec en prime la (re)découverte du classement par certains
    - le même mode de sélection pour tous et toutes (armes confondues)
    - quelque chose de simple, quoi!
Pour le haut niveau :
    - arrêter la détection des poussins
    - arrêter la centralisation et le pouvoir de la capitale
    - ne pas s'enliser dans la professionnalisation des athlètes
    - ouvrir des pôles ou des centres d'entraînements en province dans les endroits appropriés (Lyon par exemple pour le fleuret)
    - permettre (ou se faire une raison pour certains) aux bons escrimeurs de suivre leurs études au détriment de leur carrière. Et en jouer médiatiquement.
    - ainsi ne pas opposer constamment études ou vie professionnelle avec le haut niveau, les deux sont compatibles même si ça forme des athlètes intelligents
    - également, permettre aux meilleurs athlètes de rester en clubs près de leur(s) Maître(s)
    - ne pas succomber à l'alarme et aux chants des sirènes de la mondialisation, la richesse c'est la diversité et la France en est remplie!

Ensuite, remettre les clubs au centre de l'organisation de l'escrime française.
Avec l'image de l'escrime:
    - "l'escrime, un sport bien pour des gens bien!"
    - "l'escrime, c'est aussi pour ceux qui veulent faire du sport et qui ne sont pas bons en foot, en tennis, en rugby ou pour celles qui en ont marre de la gymnastique professionnelle dès 6 ans"
    - et si c'est chère, tant mieux
Pour les jeunes :
    - "non, tu n'es pas obligé de faire de la compétition pour faire de l'escrime et je m'occuperais de toi autant que de celui qui était sur le podium des France! Non... C'est normal! Vous avez payé la même cotisation"
    - leur permettre de pratiquer l'escrime qu'il sont venus chercher. Souvent ce n'est pas celle du haut niveau
Pour les maîtres d'armes :
    - impliquer les maîtres d'armes dans la gestion du club par une motivation financière qui dépend des cotisations en grande partie
    - fixer des salaires de maîtres d'armes décents grâce à des cotisations qui teinnent la route, même si ça semble cher à certains
    - remettre le maître d'armes de clubs à sa véritable place dans l'organisation fédérale : au centre et non en bout de table
    - leur permettre de créer plusieurs dynamiques de groupe en les aidant à conserver leurs tireurs, mêmes les bons, des moustiques jusqu'aux... (soyons fous) juniors (enfin, je veux dire jusqu'aux études)
    - et en finir avec se rôle prépondérant (mais malheureusement obligatoire) de président bénévole qui décide de tout parce que c'est le chef
    - définir cette tâche de président comme une aide nécessaire et importante, un conseil qui se doit d'accompagner le Maître sans pour autant décider à sa place

Rien que cela serait déjà bien! Des propositions concrètes, j'en ai d'autres.

Mais en un mot comme en cent : "CLUB"!