Re: sentiment du fer
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Habitué
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Le sentiment du fer est une réalité très concrète que nous vivons tous les jours, nous escrimeurs. Ce n'est pas une intuition, c'est juste du traitement de l'information tirée d'un de nos sens, le toucher : la lame devenant prolongement de notre bras.
En escrime, le sentiment du fer, c'est la capacité de ressentir par le toucher ce que fait l'adversaire. Sachez que le toucher est traité beaucoup vite par le cerveau que la vue. Ainsi, s'il dégage, vous le sentirez avant par le toucher, et après vous le verrez. Mieux vaut réagir au toucher, on gagne du temps (mais cela demande un apprentissage et apprendre à ressentir justement : l'apprentissage des sens, c'est un chose longue et compliqué). Il est vrai qu'ensuite, il peut y avoir une part d'interprétation de l'information pour prévoir les actions futures, presque de l'intuition. Est-il mou ou dur au contact ? Cela change tactiquement le coup à faire : mou, battez-tirez droit ; dur, battez-dégagez. Le sent-on fébrile ou nerveu ? C'est une signe quandtà ses réactions sur de futurs feintes... Pourtant, techniquement, le sentiment du fer a tendance à régresser de nos jours. Simplement parce qu'on n'engage plus les lames comme qu'on le faisait auparavant : on a développé un jeu plus à base de déplacements et moins avec un jeu de la main. On se déplace plus, on est plus éloigné et donc, il y a moins d'occasion d'engagement des lames et moins d'occasion d'user du sentiment du fer. Cependant, rassurez-vous, il existe toujours, dès qu'il y a contact des fers : lors des rares engagements, mais aussi lors des parades, des attaques au fer, et des prises de fer... Sachez que le livre de Brioist, Drévillon, Serna, "Croiser le fer", était prévu pour s'appeler "Le sentiment du fer" . Malheureusement, l'éditeur a insisté pour changer le titre. En regardant rapidement, j'ai retrouvé le passage sur le sentiment du fer, qui cite Nicolas Demeuze en 1778. Citation : Nicolas Demeuse a écrit : Cette notion a été comprise bien avant. Dans les escrimes du 15e siècle, on a déjà des notions qui visent ces sensations au contact du fer adverse : Hart ou waich (fort ou faible au niveau de la résistance de la lame).
Date de publication : 13/10/2008 22:41
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Re: sentiment du fer
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Fait partie des meubles
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Le sentiment du fer est un concept important de l'escrime française, même si dans un assaut d'escrime sportive il peut sembler inutile.
Je vais essayer de l'expliquer, j'espère que ce sera compréhensible. Lorsque les lames sont en contact (à l'engagement par exemple), un escrimeur peut savoir, à la qualité de ce contact, s'il est en position de force ou de faiblesse par rapport à la lame adverse. En gros, s'il a son fort sur le faible adverse, ou au contraire son faible sur le fort adverse. Il peut savoir également la manière dont son adversaire tiens son arme, crispé ou relâché. Et il peut également ressentir les variations dans ce contact, ce qui lui donne des informations sur les intentions de son adversaire, que l'œil n'aura pas le temps de transmettre. Un exemple pratique : un tireur tente une prise de fer, mais se rend compte au contact de la lame adverse qu'il a son faible sur le fort de son adversaire, et est donc en position d'infériorité. S'il n'a pas de sentiment du fer, il termine son mouvement et s'empale sur la pointe adverse. S'il maîtrise ce sentiment du fer, il peut passer sa pointe de l'autre côté de la lame, en se couvrant, et toucher. Simplement en sentant une résistance lors du contact des lames. [croisé avec Ensiludium ]
Date de publication : 13/10/2008 22:52
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Anonymous
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Re: sentiment du fer
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Un maître d'armes (en fait, celui qui a remplacé le MA titulaire de mon club pendant les CMV de Limoges) nous a dit que le sentiment du fer était plus facile à acquérir avec une poignée droite qu'avec une poignée cross. Vos avis ?
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Re: sentiment du fer
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Habitué
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C'est vrai.
Avec une poignée droite, on a un pommeau. Celui-ci a le rôle de contre-poids par rapport à la lame. Ainsi, l'arme est mieux équilibrée et la main est plus positionnée vers le centre de gravité. Donc, si on comprend bien ce qu'est l'effet de levier, on voit que la main est idéalement placée. Avec une poignée cross, il n'y a pas de pommeau, le centre de gravite en plus éloigné de la main. D'où avec une poignée droite : on a moins besoin de forcer pour bouger la pointe, on est moins crispé pour tenir la poignée, d'où une meilleure sensation, un meilleur sentiment du fer.
Date de publication : 16/10/2008 18:44
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Re: sentiment du fer
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Fait partie des meubles
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que dire de plus... Bravo les collègues...
Date de publication : 16/10/2008 20:55
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Re: sentiment du fer
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Habitué
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Ah non, désolé, pas collègue.
En tout cas, le question de Coupdegriffe permettait une intéressante précision.
Date de publication : 16/10/2008 22:35
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Re: sentiment du fer
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Fait partie des meubles
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Je vais quand mlême rajouter quelque chose à ce qu'a dit Ensiludium.
Avec une poignée cross, le tireur a tendance (du fait de l'éloignement vers l'avant du centre de gravité) à crisper ses doigts sur les ergots et à travailler du poignet. L'arme étant mieux équilibrée avec une poignée droite, et l'autorité sur le fer adverse moindre, la sensation du doigté deviens plus évidente et facilite la compréhension de la notion de sentiment du fer.
Date de publication : 16/10/2008 22:59
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