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La Belle Époque de l'Escrime

Naissance d'un sport
Posté par ensiludium sur 09-09-2024 14:50:00 (215 lectures) Articles du même auteur

Belle_Epoque_20241870 – 1914 : La France connaît une intense période de transformations.

Passant de l’Empire à la République, la France connait des progrès techniques et sociaux : cela permet le développement des sports et leur progressive démocratisation. Pour l’escrime, ce fut sans doute la période la plus brillante et qui conduisit à sa sportivisation.

Au début de la Belle Époque, c’est l’escrime classique qui domine. Le XIXe n’a pas été un long fleuve tranquille ni politiquement, ni schrimistiquement. Le fleuret domine la pratique. Il s’est éloigné des contingences du combat, et les couches les plus aisées, aristocratie et bourgeoisie montante, cultivent l’art de l’escrime. Il ne s’agit pas tant de toucher, que de toucher dans les formes. Les conventions, tant sociales que celles de l’escrime pèsent de tout leur poids : on se déplace peu, on feinte pour attirer la lame adverse, on pare si on y parvient : c’est une escrime de main d’une haute dextérité. Cet excès de conventions conduit a plus jouer avec les règles que contre son adversaire.



Cependant, le beau coup, les belles armes, se coupent des réalités du combat. De brillants fleurettistes amenés sur le terrain sont défaits en duel. À tel point que les médisants se moquent : n’apprenez pas l’escrime si vous tenez à la vie. Au fur et à mesure, un schisme se prépare : l’épéisme. Dans les années 1880, des maîtres d’armes, Jacob puis Baudry, se spécialisent dans les leçons de terrain pour préparer au duel. Inévitablement, la sphère sportive est touchée et les thuriféraires de l’épée se multiplient. Contre un fleuret qui privilégie les feintes et les parades, les épéistes opposent la contre-attaque. Chaque camp compte ses partisans, les fleurettistes ripostent. L’ascension de l’épée demeure inexorable et paradoxalement, elle favorise la transformation sportive.

En effet, jusque-là, l’aspect compétitif de l’escrime était gommé : au fleuret, on ne proposait que des assauts. C’est-à-dire, qu’il n’y avait pas de jury pour annoncer et compter les coups : chacun était laissé à sa propre appréciation (et à ses divergences). L’épée se focalisant sur le résultat, l’annonce de résultat officiel tient de l’évidence : qui a gagné ? Le fleuret, pour survivre, se devait de s’adapter et également d’arranger matchs et concours, avec un vainqueur.

Il faut ainsi organiser : cela passe nécessairement par fixer des règles qui soient les plus admises par tous, à défaut d’être universelles. Se mettre d’accord, voilà un chemin long et plein d’embûches en perspective. Au fleuret, on tergiverse encore pour savoir s’il faut attribuer en plus des touches une note esthétique aux coups et on hésite sur la taille de la zone valable. À l’épée, la grande question est le nombre de touches : doit-on demeurer à la touche unique, à l’image du duel. Au sabre, on hésite entre un rapprochement avec les règles conventionnelles du fleuret et la plus grande permissivité de l’épée. Et si les désaccords demeurent nombreux sur les règlements, leur application n’en est pas moins problématique, à défaut de jury de qualité.

Pour réussir à organiser, il faut encore s’organiser : la cellule fondamentale demeure la salle d’escrime et son maître d’armes. Les maîtres d’armes sont issus de lignées, mais plus encore, de l’armée. Si traditionnellement, les salles étaient la propriété de maîtres d’armes qui exerçaient une profession libérale d’enseignement, ceux-ci deviennent des salariés lorsqu’apparaissent des cercles sous forme associative. La première organisation qui dépasse le niveau de la salle est la Société d’encouragement de l’escrime fondée en 1882, puis la Fédération nationale de l’escrime en 1906. La Fédération internationale suit en 1913, avec neuf nations participantes. Ces institutions apparaissant, elles tentent de promouvoir l’escrime : en tenant d’affermir leur présence dans le système scolaire, et en essayant de développer l’escrime féminine, sans vraiment y parvenir.

L’escrime française, et même parisienne, est alors le centre du monde de l’escrime. Comme on ne brille qu’autant qu’il existe un point de comparaison, le grand antagoniste devient l’escrime italienne. La venue des Italiens en France est un vrai spectacle et source d’étonnement. C’est un mélange de fascination et de confrontation pendant toute la Belle Époque, avec pour acmé les duels franco-italiens de 1903.

Le duel, à la mode dans certains milieux, a aidé à la transformation de l’escrime en sport. Pourtant, il entame son déclin. Le duel d’alors se résume à un duel au premier sang, les risques s’ils ne sont pas nuls, sont limités. La multiplication de la publicité autour de ces véritables évènements, tend à en faire des manifestations retentissantes dont on se lasse et qu’on finit par tourner en dérision.

L’armée de la Belle Époque, dans la perspective d’une revanche contre l’armée allemande, a un rôle prépondérant dans la société. L’escrime y est enseignée, même si sa place régresse progressivement.

L’école de gymnastique de Joinville fondée en 1852, accueille l’escrime à partir de 1872. Elle va permettre de former les maîtres d’armes militaires pendant toute la Belle Époque. Les prévôts des régiments participent à un concours d’entrée, puis en cas de réussite, suivent une formation de 3 ans au camp de Saint-Maur (site de l’actuel INSEP). Ils peuvent ensuite exercer leurs fonctions dans les différents corps de troupe ou écoles militaires. Étant condamnés à demeurer sous-officiers toute leur carrière, ils n’hésitent pas à partir dans le civil pour exercer dans une salle d’armes.

Ainsi, l’escrime militaire a par ce truchement marqué durablement l’escrime française. Les méthodes d’enseignement militaires ont influencé l’escrime civile : par le biais de la méthode de l’escrime simultanée, du manuel de 1877 et du fameux règlement de Joinville de 1908 qui pose les canons de la discipline.

S’il est une arme de l’escrime bien militaire, c’est le sabre. Curieusement, à la Belle Époque, l’escrime militaire du sabre n’est pas tant de taille que de pointe, ce dernier coup étant explicitement privilégié. Les coups de taille demeurent cependant, avec des techniques spécifiques, tels les moulinets et sciants. Compte tenu de la lourdeur du sabre militaire, les civils vont adopter le sabre italien, la sciabola pour leur pratique sportive.

Le sabre est éventuellement une arme de duel, ce qu’il ne peut être dans le civil, du moins en France. Le duel militaire tient d’une tradition de l’armée : il est même obligatoire au début de la Belle Époque au sein de l’armée, le militaire ne pouvant y échapper si une affaire se présente. Par la suite, les autorités se contentent de prendre leur distance sans l’interdire.

Comprendre l’escrime de la Belle Époque, c’est mieux comprendre les enjeux de l’escrime d’aujourd’hui.

La Belle Époque de l’Escrime : Naissance d’un sport

de Lionel Lauvernay

292 pages

Format 21cm x 28cm, volume illustré et relié (cartonné)

ISBN 978-2-9588444-1-7

Ensiludium, septembre 2024

Seconde édition augmentée ; dont 300 illustrations d’époques et 400 références bibliographiques

http://ensiludium.free.fr/

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